Lorsqu’on débute le piano, une des premières questions que l’on se pose c’est : comment je dois faire si je veux pouvoir apprendre à jouer du piano?

Est-ce que je prends des cours avec un professeur particulier ? Est-ce que je m’inscris en école de musique ? Est-ce que je tente les cours en ligne ? Ou alors vous faites le choix d’apprendre seul, avec les outils que vous allez trouver en glanant des informations sur le net. Vous tombez alors sur une méthode. Est-ce la bonne ? Comment je fais pour savoir. Après tout il y en a tant ! ( Vous faites alors le constat d’une offre abondante, peut être trop abondante justement). C’est pourquoi il est important de savoir ce que contiennent ces méthodes. Qu’est ce qu’on y apprend et comment? Sinon vous risquez d’être déçu.e voire pire encore, perdre votre motivation. Ce n’est pas tolérable.

Vous trouverez donc dans cet article, un avis éclairé sur les méthodes que vous pouvez trouvez dans le commerce. Bonne lecture!

1. Pourquoi les premières méthodes ont elles vu le jour?

Un peu d’histoire…

clavecin
L’art de toucher le clavecin

En jetant un coup d’œil sur l’histoire du piano et de ses racines, on constate que l’édition de méthodes suit de près les évolutions techniques de l’instrument. Une des premières méthodes pour le clavier que l’on peut trouver est celle de François Couperin, intitulée « L’art de toucher le clavecin » avec une première édition en 1716.
Le compositeur insiste sur le fait qu’il s’agit bien d’un ouvrage pédagogique ayant pour but, non pas de lire des tablatures, mais d’apprendre à bien toucher le clavecin en commençant par la posture, hauteur du siège, position des mains, etc… La finalité étant d’apprendre à faire sonner le clavecin de façon musicale et non pas d’apprendre à lire les notes et de les jouer. Le son et la manière de l’obtenir demeure un point essentiel de l’ouvrage.

Jean Sébastien Bach de son côté compose un recueil de 24 préludes et fugues dans lequel toutes les tonalités sont abordées et ceci afin d’expérimenter un nouveau tempérament ( une façon d’accorder le clavier) nommé le tempérament égal. Il y a une visée pédagogique dans sa démarche qui est de faire entendre aux jeunes exécutants un nouvel accordage et donc d’habituer les oreilles à cette évolution. En effet ce nouvel accord permet de jouer dans toutes les tonalités en restant sur un accordage juste.

Puis , avec l’apparition du pianoforte et du piano moderne que l’on connaît aujourd’hui, d’autres ouvrages sortent afin de dompter, de maîtriser cet instrument pour l’interprétation d’œuvres de plus en plus virtuoses. C’est donc la technique qui devient le sujet des méthodes qui vont êtres écrites par des compositeurs virtuoses eux-mêmes. On s’éloigne doucement mais sûrement des ouvrages comme l’art de toucher le clavecin qui mettaient en avant l’art du beau son et du geste propre au jeu du clavecin pour aller vers l’apprentissage de techniques pour la vélocité.

Aujourd’hui, l’approche pour ces méthodes est encore différente puisqu’il s’agit maintenant de rendre la pratique du piano accessible au plus grand nombre et donc facile avec des résultats que l’on voudrait quasiment immédiats. Les pédagogues, les musiciens se retrouvent confrontés à une problématique: Réussir en quelques pages à faire jouer petits et grands, qui n’ont bien souvent qu’un faible bagage musical et peu de connaissances à propos du piano, de sa mécanique, de la nature du son qu’il émet… On voit alors proposé sur le marché de l’édition, une offre pléthorique d’ouvrages toujours plus novateurs les uns que les autres. C’est à s’y perdre !

2. Qu’est-ce qu’une méthode?

Ce que nous dit Larousse ( et non pas Lablonde… gné?!!)

Ouvrage groupant logiquement les éléments d’une science, d’un enseignement. Un manuel. Ensemble des règles qui permettent l’apprentissage d’une science, d’un enseignement.

Méthode de piano

On peut donc attendre d’une méthode qu’elle nous apporte les fondamentaux, de poser les bases musicales et techniques, afin d’apprendre à jouer du piano. Quels sont alors ces fondamentaux ?

Pour ma part, les fondamentaux pour une pratique saine du piano se retrouvent dans le geste pianistique, c’est-à-dire la façon dont on va se prendre pour obtenir un son, faire sonner le piano. Autrement dit il s’agit de la technique.

Un autre aspect fondamental est de pouvoir lire la musique, d’en comprendre la grammaire afin de saisir son langage.

Les attendus d’une méthode de piano

Les méthodes se veulent rassurantes aussi bien pour l’apprenti autodidacte que le professeur… On part du principe qu’elles sont bien faites, qu’il n’y a qu’à suivre les consignes, page après page pour réussir à jouer de façon satisfaisante. Pour certains, cela va très bien fonctionner et ils seront satisfaits de ce que leur offre la méthode.

Pour d’autres ils vont vite se sentir limités dans leur progression ou alors ils vont se sentir frustrés. Il va leur manquer quelque chose. Et ce quelque chose, bien souvent, c’est un retour concret sur ce qu’ils font ou bien encore ils ressentent une frustration car ils aimeraient approfondir leur apprentissage, en voir davantage. C’est là le rôle du professeur, de pouvoir guider son élève, l’accompagner sur son évolution en l’enrichissant de son savoir.

Pour qui est destinée une méthode de piano?

Ces méthodes peuvent être adaptées pour celui ou celle qui veut apprendre par ses propres moyens. On y trouve dans la plupart, des partitions simples, donc facilement abordables pour qui la lecture de notes ou de rythmes est encore un mystère. On y apprend aussi quelques bases de solfège qui sauront forts utiles pour la suite. La méthode peut également être vue comme une porte d’entrée vers l’apprentissage du piano, celle-ci pouvant être complétée par quelques tutos savamment choisis. Il en existe qui sont très bien conçus.

On y pense moins souvent mais il faut savoir que toutes les méthodes ne sont pas auto suffisantes. Elles nécessitent parfois l’intervention d’un professeur si on veut en tirer le meilleur. D’ailleurs, beaucoup de professeurs s’appuient sur des méthodes pour dispenser leur enseignement. Elle ne doit alors pas être considérée comme une fin en soi mais juste être vue comme un support pédagogique. Il convient alors de bien choisir la méthode avec laquelle on veut apprendre.

3. Que trouve-t-on dans une méthode de piano?

  • Une première partie consacrée à la posture, la position des mains et le réglage de l’assise
  • Une présentation du piano, de son clavier avec un repérage des notes
  • La main, ses doigtés ainsi que la tenue de celle-ci ( arrondie)
  • Les bases du solfège pour la lecture des notes et comment les jouer sur le clavier
  • Une succession de leçons avec en général un item, un point technique à maîtriser, un peu de théorie musicale…
  • Des morceaux connus : comptine, des airs issus du folklore, de la chanson et des arrangements de musique classique

4. Ce qu’on ne trouve pas ou pas assez dans les méthodes proposées ?

  • Des consignes claires et explicatives sur ce qu’on va jouer et comment le jouer
  • Du répertoire classique ( surtout les méthodes pour adultes )
  • De bons arrangements ou des transcriptions qui sonnent bien: trop souvent pour des raisons d’accessibilité, ces arrangements sont trop pauvres car trop simplistes. Le rythme se retrouve tronqué, l’harmonie ne sonne pas, etc…
  • Des notions d’harmonie (= les accords) qui permettraient de mieux comprendre la musique et donc jouer plus facilement
  • Une méthode de travail !! C’est surprenant mais c’est une réalité. Les méthodes proposent des leçons progressives certes, mais n’indiquent jamais les étapes du travail d’un morceau quel qu’il soit
  • Une progression cohérente :  une progression non respectée par rapport au bagage musical du débutant. La lecture peut vite être difficile, car trop éloigné des compétences de l’élève.
  • Les gestes pianistiques : jeu legato/ staccato, passage du pouce, mouvement des poignets, la notion de poids du corps, celui des bras notamment
  • Des exercices qui permettraient de progresser techniquement

5. Ce que devrait contenir une méthode de piano

Une initiation au son du piano

Un premier constat qui peut être dressé est que rares sont les méthodes de piano qui aborde le rapport du pianiste au son. Comment obtenir un beau son ? Ce  son rond,  ample, ce son agréable. C’est un point très important pour qui veut jouer pendant de longues années sans se lasser ni se fatiguer. La recherche de ce son, de votre son sera un puissant levier pour la motivation.

Je pense que cet aspect est rarement abordé car il s’agit en réalité d’apprendre toute une gestuelle, un ensemble de gestes pour arriver à obtenir un son qui soit agréable , au lieu d’un son « raide » et sans âme. Or, c’est un précieux savoir qui se transmet, qui se vit, que l’on ressent… Imaginez donc la difficulté qu’ont  les concepteurs de méthodes à synthétiser en quelques lignes ce qui prend des mois voire des années à maîtriser ! A mon sens, sans les conseils avisés d’un bon professeur la tâche est impossible.

Le jeu sur les touches noires

En soi, lorsque l’on observe attentivement  le clavier d’un piano, on remarque immédiatement un rang de touches blanches et un rang de touches noires. Ces dernières sont indispensables pour le repérage sur le clavier ( imaginez un piano auquel on aurait retiré les touches noires… !). Grâce à l’alternance  de groupes de deux touches puis de trois touches noires il devient aisé de repérer les Do, les FA, etc… Pourtant le jeu sur les touches noires n’est quasiment jamais proposé dans les premières leçons/ morceaux. A mon avis c’est une erreur de procéder ainsi car poser les doigts sur ces touches permet à la main d’avoir une bonne forme et donc une bonne tenue.

Apprendre à jouer avec les pieds!

A présent, imaginez un piano sur lequel il n’y aurait pas de pédales… Impensable, n’est ce pas ? Et bien pour des raisons pédagogiques, je pense, l’utilisation de la pédale est retardée volontairement. L’idée est d’ajouter des difficultés progressivement… Les auteur.es font le choix de focaliser avant tout l’élève sur l’apprentissage des doigts et leurs indépendances, sur la coordination de la main droite et de la main gauche avant d’ajouter la coordination du pied droit qui actionne la pédale avec les deux mains.

Pour ma part, je trouve difficile, si l’on tarde trop, de jouer avec de la pédale. La pédale sert principalement à faire résonner le piano, à donner toute son ampleur au son. Elle donne au son une couleur particulière, une plus grande présence. Ne pas utiliser la pédale c’est se priver de ce plaisir auditif. Et on en revient à ce qui a été dit plus haut: le son est le parent pauvre de la plupart des méthodes privilégiant la mécanique des doigts.

Conclusion

Apprendre à jouer du piano est passionant, surtout si on ne limite pas son apprentissage à juste vouloir jouer ses morceaux préférés en appuyant sur les bonnes touches. Ce mode d’apprentissage peut se faire simplement en suivant des tutos et en imitant ce que l’on voit. Mais c’est négliger tout un pan pédagogique. Les méthodes de piano vont un peu plus loin que cela en donnant des éléments explicatifs et pédagogique. Elles sont une bonne manière de mettre le pied à l’étrier même si elles ont aussi leurs propres limites qu’est la dimension humaine.
En effet , apprendre en s’appuyant sur une méthode en plus d’un bon professeur de piano peut tout changer dans votre quête qui est de jouer et progresser au piano de façon épanouissante. Il/ elle vous transmettra alors toutes les subtilités du geste pianistique et de sa bonne exécution. Ce même geste sera garant d’un son de qualité et, cerise sur le gâteau, vous évitera des douleurs inexpliquées, de la fatigue musculaire, auditive…

N’hésitez pas dans les commentaires à me faire part de vos retours d’expérience sur une méthode que vous auriez expérimenté!

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