Mettre de la pédale lorsque vous jouez du piano ça s’apprend et la maîtriser vous fera faire d’énormes progrès. Au début c’est intimidant, on ne sait pas trop comment s’y prendre… Faut il rester le pied appuyé dessus? Combien de temps? Et quand est ce qu’on la relève?

Vous trouverez ces réponses tout au long de cet article:

Les 6 bénéfices que vous apportera la pédale

1. Développer la coordination pied/mains

Un des premiers obstacles que vous avez rencontré en débutant le piano c’est probablement de faire jouer vos deux mains ET les coordonner! A mon sens, c’est une première étape indispensable mais insuffisante pour jouer du piano.

A cela il faudra ajouter le jeu à la pédale qui vous demandera de maîtriser un geste supplémentaire mais ô combien utile!
Après une courte période d’apprentissage vous serez capable de jouer vos morceaux avec de la pédale.

Vous ne vous poserez plus la question  » mais comment dois-je m’y prendre pour mettre de la pédale, et à quel moment? ». Votre pied droit relèvera la pédale pour l’enfoncer aussitôt aussi naturellement que vous marchez. Ce sera comme une seconde nature 😉

Avant de mettre de la pédale, jouer les mains ensembles doit se faire avec aisance pour que vous puissiez vous concentrer uniquement sur le geste de votre pied droit. En effet, ce sont vos mains qui vont commander à votre pied droit soit de se relever, soit de s’enfoncer.

Pour faire simple:

1. Le pied appuie sur la pédale (pour l’instant les mains ne jouent pas encore)
2. Quand vous allez jouer ( une note ou un accord par exemple), à ce moment précis le pied se relève ET s’abaisse aussitôt
3. A cette étape la/les mains et le pied droit sont enfoncés. Vous entendez le piano résonner, c’est beau 🙂
4. Vous pouvez alors quitter le clavier, les sons se prolongent ( c’est magique!) jusqu’à ce que vous releviez le pied droit
5. Répétez ces étapes ( à partir de la 2 ) lorsqu’il faudra changer la pédale
   
   

En répétant ce schéma vous apprendrez progressivement à coordonner vos mains avec votre pied droit. Pour aller plus loin il faudra être capable de jouer avec la pédale non plus coordonnée avec les mains mais une pédale totalement indépendante!

2. Un son plus riche

Vous l’avez entendu ou du moins expérimenté, lorsque vous mettez la pédale le piano sonne plus fort, il résonne. Et pour cause, lorsque vous actionnez la pédale forte ( oui c’est comme ça qu’on l’appelle 😉 ) et que vous jouez, les cordes se mettent en vibration. Pas seulement les notes que vous jouez mais l’ensemble des cordes du piano rentrent en vibration par sympathie. Le piano se met alors en résonnance. Pour faire une analogie c’est un peu comme le phénomène de propagation des ondes. Lorsque vous laissez tomber un cailloux dans l’eau, on voit des petites vagues se former autour de l’impact crée par la chute du cailloux.

Le son que vous obtenez a plus de corps, il est plus rond, plus harmonieux… bref il se retrouve enrichi par les harmoniques des cordes voisines qui vibrent. Ainsi, la pédale permet de modifier le timbre du piano. Vous verrez, vous ne pourrez plus vous en passez!
Jouer du piano c’est un plaisir tactile et auditif . Tactile d’abord car les doigts entrent en contact avec les touches avec plus ou moins de pression selon la nuance souhaitée, le phrasé indiqué sur la partition. On ressent alors le clavier à travers les doigts, la main, l’avant bras… Vous faites corps avec votre piano. Auditif ensuite car c’est vous qui allez modeler le son pour obtenir le son voulu. Celui que vous entendez intérieurement et que vous voulez reproduire. Quel plaisir alors d’être en phase avec son instrument, de pouvoir le maîtriser afin qu’il réponde à nos attentes. Oui le piano est un formidable instrument qui nous permet de s’exprimer, de ressentir et d’interpréter les œuvres. Il nous permet de toucher l’Art du bout des doigts.

3. Améliorez votre posture

Eh oui 🙂 jouer du piano tout en mettant de la pédale va améliorer votre posture car le fait d’avoir les mains sur le clavier et votre pied sur la pédale forte va vous permettre de faire corps davantage avec votre instrument, vous serez engagé avec lui.
Une bonne posture est fondamentale notamment si vous voulez pratiquer longtemps sans créer de tensions, de crispations , de douleurs musculaires ( au niveau des avant-bras, des épaules et de la nuque). Mettre de la pédale vous amènera à vous tenir le dos droit ( en évitant de croiser les jambes par exemple!) et d’être en face du piano.

Donc pour avoir une bonne position lorsque vous êtes assis devant votre piano , vos coudes et vos avant-bras doivent être dans l’axe du clavier. Cela passe par le réglage de la hauteur de votre tabouret de piano ( vous devez normalement pouvoir le monter et le descendre à souhait);et pour ceux qui joueraient sur une chaise, munissez-vous de coussins ( voire d’une bonne vieille encyclopédie, ça marche aussi 🙂 ) pour avoir les coudes à la même hauteur que le clavier.

4. La pédale forte libère votre jeu

Une fois apprivoisée, la pédale sera au même titre que les touches du piano, une extension de votre corps , un outils supplémentaire dans le but d’exprimer toute votre sensibilité au piano. Et pour cela il va falloir se libérer du plus de contraintes techniques possibles ( coordination des mains, jeu à la pédale, indépendance des doigts, lecture de la partition…).
Au départ, jouer du piano c’est avant tout poser ses mains sur le clavier, enfoncer les touches avec ses doigts. D’abord une main, puis l’autre pour finir mains ensembles et ensuite la pédale forte. C’est à ce stade qu’il va falloir être attentif à ce que vous percevez physiquement au niveau des poignets, des avant-bras, dans le dos, au niveau de la nuque… afin d’éviter toute crispation.
Progressivement, vous allez être amenés à vous déplacer sur le clavier pour aller chercher des notes plus ou moins distantes, effectuer des déplacements rapides, des sauts d’intervalles, jouer des arpèges… L’emploi de la pédale dans ces situations précises vous sera alors d’un grand secours et elle sera garant d’un jeu fluide tout en préservant la souplesse de vos doigts, de vos poignets, de vos épaules, etc… La pédale facilitera votre technique pianistique à condition évidement de ne pas en abuser! Il ne faut pas que vous l’utilisiez pour camoufler quelques faiblesses techniques ou un jeu hésitant, trop frêle. Le résultat n’en serait que trop brouillon

5. Comprendre ce que vous jouez

Savoir à quel moment mettre de la pédale va vous demander d’effectuer une analyse, même succincte, de votre partition. En effet, de façon générale, ce sont les harmonies autrement dit les accords qui sont notés qui vont vous guider.
Vous pouvez retenir cette première règle: on change la pédale lorsque l’on change d’accord ( ex: si vous passez d’un accord de DO majeur à un accord de Sol majeur alors vous devez mettre une pédale sur l’accord de DO majeur et une autre sur celui de Sol majeur). Ainsi cela vous obligera à identifier les différents accords ce qui vous donnera au final le parcours harmonique de l’œuvre.
Une autre règle serait: lorsque les accords n’apparaissent pas de façon évidente sur la partition, vous devez changer la pédale « à l’oreille », lorsque les sons se mélangent trop. C’est le cas quand il y a plusieurs notes conjointes ou lors d’un passage chromatique.

6. Développe une écoute active

Savoir mettre la pédale c’est être en capacité d’entendre ce que l’on joue pour pouvoir changer la pédale au bon moment. Et le bon moment pour la changer, me direz vous? C’est lorsque vous commencez à entendre un jeu brouillon où toutes les notes se mélangent. Votre jeu doit rester propre et pour ce faire, parfois il suffit simplement de ne pas en mettre!
On privilégie alors ce qu’on appelle un jeu legato(= notes liées), les doigts tiennent les sons et la pédale est utilisée en dernier recours. On retrouve souvent ce cas de figure dans la musique baroque ( Bach, Couperin, Scarlatti…). Dans ce répertoire la pédale est employée minutieusement.

Il existe aussi une technique pour mettre de la pédale sans qu’elle devienne envahissante: il s’agit de la demi pédale. Cette technique demande une bonne maîtrise du pied car elle consiste à enfoncer la pédale à mi-course, la relever puis l’enfoncer de nouveau à mi-course.
Pour cela vous devez sentir ce qui se passe sous votre pied ( je vous recommande donc de mettre des semelle fine afin de ressentir la pédale) et écouter attentivement puisque ce sont vos oreilles qui détermineront s’ il faut changer ou non la pédale.

Enfin, dernière technique pour l’utilisation de la pédale, c’est le vibrato. De quoi s’agit il?
La pédale est maintenue de façon prolongée mais est « nettoyée » rapidement en faisant vibrer le pied dans une demi-pédale. Cette pratique est exigeante car il faut relever la pédale sans pour autant « couper » le son. Cette technique permet d’obtenir un halo sonore un peu comme si vous utilisiez l’effet « reverb ».

Conclusion

Désormais la pédale forte n’a plus de secret pour vous et vous ne devriez plus hésiter à en mettre sur vos morceaux préférés. En respectant les quelques règles vues plus haut vous devriez vous en sortir sans aucun problème! Le tout étant de garder une oreille attentive pour éviter que son emploi ne devienne trop excessif. Une chose en revanche est sûr vous ne jouerez plus du piano comme vous le faisiez auparavant car vous avez maintenant conscience de l’importance de la pédale dans le jeu pianistique.